Si c’était possible, je la poserais délicatement sur un de ses arbustes taillé en bonsaï dans son magnifique jardin zen qui semble tout droit sorti des abords d’un temple japonais. Rien n’y manque : ni le bassin de pierres rempli d’eau où se prélassent les grenouilles et viennent boire les oiseaux, ni la généreuse couronne d’arbres aux feuilles argentées qui enveloppe la table des repas d’une ombre arachnéenne.
Née en Alsace d’un père vietnamien et d’une mère allemande, Kim Belzung se sent eurasienne jusqu’au bout du cœur, imbibée par une double culture qui l’a naturellement menée vers le mélange des styles dans une carrière exaltant la magie des maisons. Tombée amoureuse de l’île de Ré autour des années 90, un jour de promenade sur la plage avec ses chiens, elle imagina Papagena, une marque d’accessoires de mode et de déco où se côtoieraient bientôt baroque et classique, assemblages de matières et de couleurs, chaque idée folle en entrainant une autre jusque dans les corners de certains grands magasins de Tokyo. Jaillit alors une profonde attirance pour la spiritualité japonaise, héritée de ses voyages au pays du soleil levant et peut-être aussi du talent de céramiste de sa mère adepte du raku.
Envoutée par le fil de la sérénité liée à la perfection du savoir-faire artisanal japonais, Kim a franchi aujourd’hui une nouvelle étape. Lors des différentes formations, dont la dernière au Japon, auprès d’un grand maître à Tokyo, elle s’est engagée dans l’apprentissage du kintsugi, une technique datant du XIVe siècle, issue du wabisabi qui célèbre l’art de l’imperfection. Et elle est prête à enseigner elle-même. À transmettre la minutie du geste qui répare les objets cassés, à montrer la beauté des choses simples et imparfaites, à sublimer les cicatrices du temps qui passe. Une école de la vie.